J'ai observé des gens dans le métro. J'ai observé les arbres du parc devant lequel je passe le matin.En lien avec ce dernier passage, dis-moi, si tu es assis à la gare et que tu vois les gens déambuler devant toi, est-ce que tu es ces gens ? ou tu es celui qui (ou ce qui) les voit ?
Autant, avec les sons, il me semble facile d'être dans l'expérience. Je suis dans le métro, je "décide" de "faire l'expérience" des sons, je ferme les yeux et pouf il y a un espace avec des sons et des pensées qui s'y accrochent.
Avec les images, la vision, j'ai l'impression que je dois faire comme un effort pour faire l'expérience des images. Mais pas vraiment en fait, parce que les images sont là de toute façon… J'ai l'impression que les pensées me "cachent" les images, les brouillent.
Par exemple. Je vois une silhouette qui avance vers moi dans la rue, je pense "une femme", "une jeune femme", "jolie", "tiens son jean est troué", "elle est jeune", "elle a l'air concentrée", "où va-t-elle", etc, etc… Ca n'arrête pas. Un torrent de pensées, bien plus tumultueux qu'avec les sons. Parfois je trouve ça fatiguant. Parfois je trouve ça fascinant. C'est vraiment très bien fait cette continuité de pensées.
Avec un arbre, c'est plus tranquille. Il y a un arbre et il y a quelques pensées à propos de l'arbre, et peut-être une pensée à propos du fait qu'il n'y a pas beaucoup de pensées :-) mais ça s'arrête là… C'est plutôt calme.
Ce qui domine dans mon expérience, c'est avant tout que je suis celui qui voit les gens. Mais mon expérience c'est aussi qu'il y a plus que (que je fais plus que) seulement les voir. Je les identifie, je les raconte, j'invente des histoires à leur propos, je leur donne vie. Il y a beaucoup de "moi" dans ces gens, beaucoup de mes pensées. Voire QUE mes pensées? Si la matière de ces gens, ce sont mes pensées, c'est que je suis ces gens.
Cela me semble un peu irréel de le dire comme cela. Voire ça me paraît faux. Suis-je encore dans ma tête? Encore des pensées sur des pensées? Je ne ressens pas "ces gens sont moi" comme je ressens "ce reflet dans le miroir est moi". C'est ténu.
Ah oui? C'est vrai ça… Tout le blabla qui précède ne rime à rien alors? A ce stade, ma seul certitude est que je suis celui qui voit les pensées (difficile de les manquer, il y en a tant!) Et pour répondre à la question "suis-je les gens ou suis-je celui qui les voit" je dois faire appel aux pensées. Comment puis-je répondre à cette question? Je ne peux pas. Je n'arrive pas vraiment à "penser" la question. Comme une savonnette qui me glisserais des mains quand j'essaye de m'en saisir.Si le « je » est celui qui, cela qui ou la chose qui voit la pensée, alors ça veut dire que la pensée ne peut pas te définir. Elle ne peut pas te dire qui tu es.
Tschuss,
Jérôme.